EPILOGUE
Quelques jours après avoir achevé mon chemin, quelques mots en guise de conclusion de ce blog.
Tout au long de ces jours, j'ai souvent évoqué la solitude des longs cheminements et celle des soirées où je me retrouvais seul dans un gîte d'étape. Dans ces moments on se trouve face à soi-même, en dialogue avec son être intime. Et il vaut mieux alors s'entendre avec soi, pour un échange serein, sur sa vie passée, ses choix, ses engagements, son présent - " qu'est-ce que je fais là?"- son futur, les années qui s'ouvrent, nouvelle étape de vie... Ce sont des temps de mesure de sa propre paix intérieure.
Mais ma solitude était relative. Sur les chemins, vous étiez nombreux avec moi. Liliane, bien sûr, mes enfants, mes petites- filles, toute la famille, les amis, ceux que je connais qui souffrent de maladies, le réseau du Secours Catholique d'Ille et Vilaine, celui de l'abbaye de Saint- Jacut de la Mer, celui des associations dans lesquelles je suis engagé... Ainsi je n'ai jamais marché "seul". Vous étiez là, présents, accompagnants.
En même temps que j'arpentais les chemins de Vilaine, de Vendée, des Charentes, des Landes où du Béarn, vous marchiez, à distance, sur vos propres "chemins". Simultanément nous avancions sur nos chemins de vie, convergents d'humanité. En ces jours, j'ai mesuré combien il est déterminant d'être en lien, pour marcher, pour vivre. Merci de votre accompagnement.
À plusieurs reprises, en cheminant, je me suis interrogé sur l'utilité de cette marche. Mais était- ce une bonne question ? D'un certain point de vue, ce furent 930 kilomètres d'inutilité, sinon de fatigue et d'usure. Fondamentalement, j'ai voulu en faire un acte de gratuité, de questionnement sur l'essentiel. Vain, en terme de rentabilité, riche en terme de vérité. Et ma grande joie continue sur les chemins a été que cette démarche en a suscité d'autres, différentes, partagées et tellement sincères.
J'ai achevé mon chemin à Lourdes. Vous aurez compris, dans les propos de ce blog, la distance que, personnellement, je tiens vis- à- vis de bien des aspects de ce qui se déroule dans la cité mariale. Lourdes n'était pas pour moi un but où vivre quelque chose d'exceptionnel, en émotion notamment.
C'était un terme du Chemin, signifiant, selon les mots d'Alina Restes, dans son livre sur Bernadette " La jeune fille et la Vierge": " Je fais ce rêve qu'en ce lieu que j'aime, au bord de l'eau, au pied de la roche et l'ancienne forêt, dans la vaste clairière veillée de montagnes, très longtemps encore, des hommes et des femmes du monde entier viennent retrouver le goût de la vie, c'est-à-dire du combat spirituel, en même temps que la paix dans l'union retrouvée du visible et de l'invisible. "
Pour moi, ce fut tout le Chemin qui menait à Lourdes qui fut " extraordinaire " au sens littéral du mot. L'enjeu est maintenant de greffer les ressorts de cet "extraordinaire" sur l'ordinaire du quotidien...