J 23 - MOUSTEY - ESCOURCE- 32 kms: LE DESERT LANDAIS
L'orage d'hier soir a bien lavé le ciel. La journée débute sur une piste cyclable de 6 kms, d'abord parallèle à la départementale mais prenant ensuite son indépendance.
La belle lumière horizontale du matin joue à travers la forêt.
Heureuse surprise , cette rencontre avec un lièvre, d'abord curieux puis vite appeuré.
Juste auparavant, un coucou a survolé le chemin en continuant de chanter, inédit pour moi!
Peu de choses émergent de la ligne de la forêt... sauf l'église et la tour de surveillance de la forêt ; aujourd'hui une caméra a remplacé la veille humaine.
Alors que je débouche à l'entrée de l'église de Pissos, le curé qui vient de finir sa messe et discute avec 2 ou 3 paroissiens m'interpelle et m'invite à boire un café dans son presbytère proche. Sa paroisse fait 57 kms sur 28 et comprend 5500 habitants ; c'est dire la faible densité de population !
Il est 10h30 et débute une longue marche ...
... par une piste bien sableuse...
Le pas qui marque fortement le sol y est lent et le pied cherche le terrain plus solide.
Un petit oratoire bien dissimulé et inattendu marque une bifurcation.
Puis s'engage une traversée de "désert" sur 10 kilomètres par une piste plus ferme mais inconsidérément longue.
Je repense alors à cette phrase de Mauriac, extraite du même texte que les citations d'hier:
" Pays désincarné, qui échappe à l'accident, et à qui je dois d'avoir, tout enfant, pressenti que, dès ici- bas, nous sommes dans l'éternité"
En cette solitude infinie, je crois entendre des voix - mirage?- eh non; un buisson contourné me découvre 5 bretons partis de Paimpol et prenant un peu de repos avant de continuer le chemin vers Saint -Jacques.
Le vitrail principal du maître- autel de Labouheyre représente St Jacques .
Après cette localité, je quitte le tracé du chemin jacquaire pour rejoindre Escourse par une ligne droite de 10 kilomètres.
"La forêt se plaint comme on pleure sur soi- même, se berce, s'endort et les nuits ne sont qu'un indéfini chuchotement"
Extrait de " Thérèse Deyqueroux" de Mauriac.
Ce n'était pas un "chuchotement" cet après- midi de grand vent de sud - est, presque tempêtueux contre lequel, il fallait avancer avec force.
Voilà mon hébergement de ce soir; un abri de jardin douillet d'accueil pèlerin. La pluie qui a succédé au vent va bercer un sommeil réparateur après le ďiner chaleureux en compagnie de mes hôtes, Marie- Claude et Christian.